Je rebondis sur un article paru sur le JDN qui indiquerait qu’en France les problèmes de délivrabilité engendreraient un manque à gagner de 1,7 Milliard d’euros. C’est à mon sens aller peut-être un peu vite en besogne et c’est alarmiste pour faire vendre du papier 🙂 Quelques incohérences m’ont fait lever un sourcil et prendre le clavier.
15 à 20 % des mails inaboutis
Oui, Return Path indique depuis longtemps que presque 20% des mails émis n’arrivent pas à destination. Oui certains mails se perdent en route 🙂 Mais c’est parfois tout à fait normal, mauvaises adresses, serveurs en mode muet cad qui ne répondent pas quand il y a une erreur et donc le mail est considéré comme abouti ou MIA (missing in action) vu qu’on a plus de ses nouvelles, c’est selon les plates-formes. Et on ne parle pas des serveurs de relais qui ne font pas leur job correctement, des mails qui arrivent dans une queue et que celle-ci n’avance pas ou plante, etc. Bref il y a techniquement de nombreuses raisons qui font qu’un mail peut ne pas arriver à destination 🙂
Mais attention, ce n’est pas parce qu’un mail est inabouti qu’il a été mis en spam !!! C’est un raccourci trop rapide à prendre 🙂 Un mail mis en spam est par définition un mail qui a abouti MAIS qui a été jugé comme spammy par un filtre ou une règle. Cela signifierait que 20% des mails arriveraient dans les filtres des spams, je ne peux y croire 😉
Il faut savoir qu’en France nous avons une petite spécificité sur la réception des emails : Un mail abouti est OBLIGATOIREMENT délivré. C’est la loi en France. Impossible donc de procéder à des filtrages post réception comme le font certains webmails anglophones. Et si Orange vous filtre pré-réception, vous avez un retour par les bounces.
Il y a donc un amalgame qui est fait entre ces 20% de mails inaboutis et ce qu’on peut voir au niveau d’une plate-forme emailing d’un bon ESP français. Si un ESP français se retrouve avec 20% d’inaboutis, il faut se poser quelques questions sur sa réputation ou sur ses clients (leur hygiène de base et leur stratégie emailing) parce qu’il y a alors un vrai problème.
Et le manque à gagner dans tout cela ?
Oui si on tire une ligne partant des conjonctures précédentes, on peut se poser la question sur le manque à gagner. Mais là encore je doute des chiffres. Connaissez-vous un seul Ecommerce, ou site ou quoi que ce soit qui émette des emails de service ou transactionnels qui laisserait passer 20% de ses envois à la benne ? Et si on descend à 5% ? Moi aucun ! Et pas parce que je pense qu’ils soient particulièrement bons en emailing, mais simplement parce que si un client ne reçoit pas son mail de confirmation de commande, son mot de passe ou quoi que ce soit, il gueule et ça se sait ! Et il ne gueule pas seulement chez le commerçant, ce qui fatalement remonte à l’ESP, mais il gueule aussi chez son FAI et webmails. La discussion que nous avons eu à l’#EMDAY avec Alain Doustalet d’Orange le prouve, Les français gueulent dès qu’ils ne reçoivent pas leurs emails légitimes 🙂
Les mails qui n’aboutissent pas ne sont pas des mails classés en spam, et dans la masse des emails, je pencherais sur le fait qu’une bonne partie de ceux qui n’aboutissent pas n’avaient pas à aboutir. Les mails propres et justifiés eux aboutissent au webmail ou FAI. Ensuite ils peuvent être classé, filtrés et traités, mais ils ont aboutis. Les 1,7 Milliard de manque à gagner dû « au classement en spam » me semblent gonflés.
C’est ici qu’on aborde la seconde partie du problème : Est-ce que parmi ces mails aboutis, il y en a qui sont classés en spam. Et la réponse est OUI ! Par contre à quel pourcentage, seuls les webmails et FAI pourraient répondre sérieusement. Et parmi ces mails aboutis, combien sont classés et filtrés parce que les émetteurs ne font aucun autre effort que d’appuyer sur le bouton d’envoi ? Beaucoup ! Je n’arrête pas de le rabâcher encore et toujours, il faut que les mails aient du contenu à valeur ajouté, non pas dans votre bouche, mais dans la bouche de vos destinataires ! My little Paris à t’elle 20% d’inaboutis ? J’en doute ! Pourquoi ? Parce qu’ils travaillent bien leurs bases, et qu’ils ont du contenu à valeur ajouté ce qui fait que cela génère du comportemental + fait ruer dans les brancards si la lettre est filtrée !
Y a t’il donc un intérêt à faire frémir les marketeurs en pleine période de Noël avec la peur de manquer 20% de leur CA potentiel ? Ben oui, si vous êtes un ESP et que vous faites de la com juste avant les budgets de janvier 🙂
Et pour vous, qu’est-ce que cela change ?
Tout et Rien ! Tout si vous n’avez pas encore pris le virage de passer à des pratiques saines en Emailing. Là c’est sûr, tout droit c’est le mur, alors autant prendre le virage tout de suite 😉 Passer sur un BON ESP va vous affranchir d’un bon nombre d’écueils techniques mais ne vous évitera pas les barrières d’hygiène de base et comportementales. Et j’insiste sur le fait qu’il faut prendre un BON ESP parce que sinon, vous allez partager la réputation avec ses autres clients, et s’ils prennent n’importe qui pour faire du volume et donc du chiffre… (je vous renvoie à mon explication sur l’agneau immaculé qui voulait faire de l’emailing dans une porcherie, c’est un classique)
Rien si vous faites déjà partie de ceux qui appliquent tout ce qu’on rabâche ici et sur les autres sources d’informations fiables sur l’emailing. Vous avez alors un BON ESP dont vous connaissez la stratégie et les clients, qui vous prend en main, peut vous conseiller au besoin, si vous pratiquez déjà une bonne stratégie emailing, avec une bonne hygiène de base, une segmentation intelligente, des envois raisonnés et surtout une recherche permanente de valeur ajoutée à envoyer à vos clients. Rappelez-vous de la règle du give give give ask, c’est ce que vous aimez qu’on pratique avec vous, appliquez le avec vos clients !
Si entre les deux, votre coeur balance, si vous ne savez pas vraiment de quel côté vous vous trouvez, alors vous êtes mal… Non j’plaisante ! Il faut juste tirer la situation au clair et analyser ce que vous faites et comment.