Je ne l’ai jamais caché, je n’aime pas les campagnes à la performance (ah ouais 2009 quand même !). La plupart du temps, les entreprises qui fonctionnent à la performance se foutent complétement du ciblage et se contentent d’arroser le plus largement possible pour ramener dans leurs filets les leads promis à leurs clients. Certes ces entreprises honnies ont leur part de responsabilité dans l’érosion des résultats de l’emailing, mais les annonceurs ne doivent pas se voiler la face car ils sont à la source même du problème. Quand je vois passer des offres à des prix sacrifiés, quand je vois des bases qui ne se vendent jamais sans être miraculeusement bradées si vous achetez avant 17h, quand je vois des leads promis à des tarifs anorexiques, quand je vois des emails en coregistration pour des petites pièces jaunes ou marrons, je me dis que c’est pas possible qu’il y en aie qui achètent cette %$£µ* ! Hé bien si !!!
Depuis mars, j’ai décidé de filtrer les envois qui polluaient le plus ma boite mail plutôt que de simplement les effacer. Et mon répertoire s’est rempli, à l’inverse d’une clepsydre, lentement mais surement… Avec mon travail et la préparation de l’EMDay, je n’avais pas encore eu le temps de remonter ma pêche et faire le tri dans mes filets. L’idée initiale était juste de faire un billet sur la pression marketing et la pollution spammesque des campagnes d’acquisition, jusqu’à ce rebondissement arrivé en boîte mail. Je ne l’ai pas vu tout de suite, j’ai mis de côté comme tous les autres ces nouveaux types de mails qui arrivaient. Puis un jour je les ai ouvert et j’ai découvert le pot aux roses, et le coeur m’est monté aux lèvres…
Exemple d’une surpression marketing organisée par Dimona.
Beaucoup de mails filtrés en provenance de cette organisation, pour de très nombreux annonceurs. Quelques exemples en vrac :
Coyote
Je tends la souris et sort le premier mail de la liste : c’est pour le produit Coyote. En juin, et nous ne sommes que le 18, j’ai déjà reçu 9 mails pour ce produit, de la part de Dimona et sous les domaines :
- rockmeds.fr (marie@rockmeds.fr)
- swing-comm.fr (marion@swing-comm.fr)
- tlds-medias.fr (helene@tlds-medias.fr)
- netcomms.fr (sara@netcomms.fr)
4 domaines différents qui envoient exactement le même contenu, même signature. Certains jours j’ai reçu plusieurs fois le même mail mais avec des domaines différents. Le coup des domaines et des programmes différents, cela permet de faire tourner les expéditeurs et de répartir la pression perçue. Ainsi l’utilisateur ne pense pas que c’est le même expéditeur derrière. Pour ma part le désabonnement n’a pas marché, j’ai continué de recevoir leurs envois (d’où le stoquage/filtrage, la prise de tête et pour finir le coup de gueule !)
Center Parcs
Pareil beaucoup d’envois (12), avec cette fois-ci un nouveau domaine qui apparait :
- cabafull.com (marie@cabafull.com)
Willemse
11 emails sur le mois de mai, avec les domaines rockmeds.fr, tlds-medias.fr, swing-comm.fr et un ovni, adeline@holdrush.fr provenant d’un autre réseau, sans doute un test d’envoi sur un autre outil.
D’autres annonceurs en vrac
Belambra Clubs : 5 mails entre le 20/05 et le 23/05, avec les 4 domaines classiques déjà vus dans le cas Coyote.
Wheight Watchers : 4 mails entre le 10 et le 13 juin.
Etam : 7 emails entre le 01/04 et le 17/04
Vacances Réussies : 18 mails depuis le 1er mars avec les 4 domaines habituels et plusieurs fois cabafull.com et 4 fois sur cette période j’ai reçu le même mail le même jour depuis plusieurs domaines.
Maisons du Monde : 6 mails entre le 21 et le 30/04.
Baron Philippe de Rothschild : 17 emails entre le 11/03 et le 01/06, toujours avec la même brochette de domaines maintenant bien connus.
J’en ai encore beaucoup d’autres exemples car sur seulement les filtrés (et certains sont passés facilement outre mes filtres qui étaient très simples ( de: contient « par DM », « via DM » ou « – DM » et pas sur les domaines émetteurs)) et sans compter ceux que j’ai effacé en faisant le ménage (et en préparant ce coup de gueule, je me rend compte que j’en ai effacé vraiment beaucoup) ou lorsque je me connecte en mode mobile, il me reste encore 318 emails reçus entre le 01 mars et le 18 juin (+12 le 19 et 20 juin)
Là ou le bât blesse…
Le pire, c’est que tous ces emails sont clairement identifiés et classés comme spams, un utilisateur lamdba ne devrait donc pas les voir. Je ne les ouvre jamais, ne déclenche aucun comportemental, on se demande pourquoi ces emails sont toujours envoyés sur mes adresses. C’est bien une preuve que leur politique d’envoi est l’arrosage massif et qu’ils n’ont absolument aucune démarche qualitative vis à vis de leur cibles (et encore moins vis à vis des annonceurs qui les paient !).
Je ne parle même pas du fait que je me demande bien ce que je fous dans toutes leurs bases 😉
Pourquoi envoyer tous ces emails ?
Qu’on se place dans le cadre d’une campagne d’acquisition classique à la performance ou dans de l’affiliation, les 2 constats sont identiques : Beaucoup d’emails envoyés qui font fatalement chier les cibles, et génèrent une image désastreuse pour l’annonceur. Tant que les annonceurs continueront de ne voir que le coût du lead et pas la manière dont ceux ci sont générés, ces arroseurs d’emails continueront de détruire aveuglément l’ecosystème de l’emailing. L’analogie avec l’industrie agro-alimentaire peut facilement se faire. Savez-vous d’où provient le thon de vos conserves, comment-a-t’il été péché et l’impact que cela a pu avoir sur l’environnement ? Annonceurs, il est temps de vous poser ces questions concernant vos campagnes à la performance car vous contribuez grandement à compromettre vos futures campagnes ! S’il advenait que votre marque devienne un mot-clé identifié comme spamword, alors exit tout emailing, y compris vos mails à vos abonnés si chèrement gagnés et vos confirmations de commandes. Seul Voldemort peut se permettre qu’on ne mentionne pas son nom, la plupart des autres annonceurs ne peuvent se permettre qu’on les appelle seulement « vous savez qui » 😉
Là où le coeur me vient aux lèvres…
C’est le point de départ de ce coup de gueule qui n’aurait pas été aussi virulent sans ce dernier élément qui m’a fait exploser.
Reçu 6 fois en 5 jours dont 4 fois en 24 heures. J’ai du en effacer je pense. Ce qui est choquant, c’est la petite phrase de la mort que je vous reprend ci-dessous.
Qu’est ce qui est considéré comme « accéder au contenu » ? cliquer pour voir les vidéos ou simplement générer un comportemental parce qu’on a téléchargé les images ? Et quand bien même, depuis quand un clic dans un email équivaut à un opt-in partenaire !? On croit rêver ! Surtout que les vidéos sont décalées et aiguisent la curiosité, comme celles qui sont présentées sur certains site pleins de pub et où on finit par se chopper des trucs bizarres informatiquement parlant.
Et leur petite soeur est arrivée ensuite, avec l’artillerie lourde !
En 7 jours, je l’ai reçue pas moins de 12 fois ! dont 10 fois par l’un des sites de Dimona cités plus haut. C’est un peu extrême comme mode de recrutement vous ne trouvez pas ? Ces pratiques ne font que renforcer les outils de filtrage des emails et au final c’est tout l’univers de l’emailing qui en souffre.
Comme je ne connaissais pas la société Dimona, j’ai été voir s’ils avaient un site, et mon Dieu ! Ils sont signataires de la charte du CPA. J’ai du louper un truc quelque part…
Il y a d’autres vilains canards…
Dans mes filets j’ai aussi remonté d’autres sociétés avec des pratiques tout aussi nauséeuses. Mass mailing, forgeage des entêtes, forgeage des heures d’envois pour faire du TOB, etc.
LPMemailing (nom du X-Mailer dans leurs envois) par exemple m’a envoyé pas moins de 13 mails en 3 jours avec un beau forgeage de l’expéditeur pour qu’il apparaisse sous le nom de l’annonceur mais avec mon email. Et tant qu’à faire, il fait la même chose avec le reply-to. Ils ne doivent pas être très fier de leur ouvrage pour essayer à ce point de ne pas être retrouvé.
La société LPM (propriétaire des noms de domaines présents dans les headers) est domiciliée dans une société de domiciliation, pas d’autres traces… Sans doute un gars qui collecte sur les plates-formes d’affiliation des programmes et qui arrose en masse. Pourquoi n’y a t’il pas de sélection faites par les annonceurs sur qui envoie leurs programmes ? Pourquoi les plates-formes ne font pas le ménage sur leurs utilisateurs qui n’ont pas de bonnes pratiques ?
Il y a aussi ceux qui font très court 🙂
Et cours après moi si tu peux. Pas de signature, pas de références à la base de donnée, pas de traces…
Enfin il y a ceux qui spamment sur des adresses test qu’ils ne devraient ni avoir, ni utiliser. (EnchereBox, Oneclick, le mailbonplan, etc.)
Juste parce qu’ils sont quand même très rigolos, je le partage avec vous. Quand on regarde le détail du header :
From: "Virgin Mobile par LeMailBonPlan" <justine@cdanstaboite.com>Reply-To: <reponse@oneclick-i.com>Return-Path: <noreply@tavulespromos.com>
Ça en fait des domaines différents pour un seul mail envoyé 😉
Ces exemples de mauvais mails, je suis sur que vos boîtes en débordent elles aussi. C’est bien triste que certaines organisations et/ou individus se soucient aussi peu de ce qu’elles font subir à leurs cibles pour la seule raison de grappiller quelques euros de plus de la part d’annonceurs qui se veulent aveugles quant à la provenance de leurs leads.
Y’a t’il des pompiers pyromanes dans la salle !?
« Diffuser la bonne offre, à la bonne personne, au bon endroit, au bon moment, parce qu’on ne vend pas un pneu comme on vend une robe » Homepage d’Effinity
Quand une plate forme d’affiliation comme Effinity mets du carburant pour bien booster les choses. Et pourquoi pas un jeu concours avec 5.000 euros de lots high-tech à gagner ? Et bien sur un mécanisme de fonctionnement incitant bien à multiplier les campagnes pour booster ses chances de gain.
La petite phrase qui me tue… : « Le principe est simple et plutôt réalisable en emailing ! » En une phrase et un jeu concours, ils viennent de détruire leur positionnement d’hyperciblage. C’est comme se tirer une balle dans le pied.
Il ne faut pas s’étonner qu’il y aie tant de mails reçus ces derniers jours… Les annonceurs se frottent les mains mais nos boîtes, elles, trinquent. Et il y aura forcément un retour de bâton sur la délivrabilité.
Quelle fin pour cet article ?
Cette plongée dans ma boîte mail ne me laisse pas indemne, j’en ai bien conscience. Entre la rage de voir certaines mauvaises pratiques et le désespoir parce que ceci n’est qu’un tout petit bout de la partie émergée d’un énoooorme iceberg, j’ai ressenti plein d’émotions très diverses. J’ai effacé des centaines de messages pas clairement sourcables ou pour lesquels j’aurais du passer trop de temps pour en remonter les pistes. Le jeu en vaut il la chandelle ? Pas à mon niveau, pas pour le moment, pas tout seul. Mais quelque chose s’est mis en route 🙂 Quand les FAI et les outils de filtrage français se mettront à pénaliser les annonceurs, parce qu’ils sont à la source du problème, là les règles du jeu changeront réellement et elles seront vraiment suivies. Quand un annonceur se prendra un carton rouge pour ses mauvaises pratiques et que cela lui coupera totalement l’accès à l’emailing tant qu’il ne rentre pas dans les clous, alors je n’aurais plus à faire de déballage comme celui-ci pour créer une prise de conscience. Ce jour approche 🙂 Je vous parlerais bientôt de l’un de mes vieux rêves concernant l’emailing.