C’est la fin le début de l’année, traditionnellement nous faisons des projections sur ce que seront les prochaines tendances. Que ce soit sur la technique ou sur une approche plus éthique, l’emailing va vivre certains bouleversement rapidement. Comme d’habitude sur Snipemail, accroches-toi à tes bretelles car ce que tu vas lire va forcément te secouer.
L’Intelligence Artificielle
L’Intelligence Artificielle, comme tous les outils, voit son impact conditionné à la manière de l’utiliser.
Elle est déjà intégrée dans certains programmes et outils marketing. Parfois c’est juste un gadget, une remballe d’un simple outil technique qu’on a un peu repimpé pour pouvoir le cataloguer en buzzword jackpot pognon, parfois c’est vraiment une vraie IA qui fait alors des choses « magiques » dont rêvaient les marketeurs depuis des années. L’optimisation de l’heure d’envoi pour la cible, je ne classe pas vraiment cela comme de L’IA. Nous faisons cela depuis des années sans pour autant avoir besoin de neurones IAtesques. A part si t’es John Conway, c’est pas parce que tu utilises quelques boucles et conditions que t’as créé la vie artificielle ? Ajouter à ton email des blocs de code qui intègrent les best sales de ta boutique, là non plus c’est pas une révolution et cela ne te donnera pas le statut de demiurge informatique. Restons un peu les pieds sur terre. Le marketeur est comme un magicien, il emploie diverses techniques pour apporter de la magie et du rêve à ses prospects, ses clients et son auditoire. Une fois que tu connais le truc, y’a plus de magie, plus de rêve, juste un « ok je vois ».
Là où l’IA est vraiment de l’Intelligence, c’est quand elle va créer le contenu du mail. Elle va, en fonction de la cible, définir et utiliser les sujets et les champs lexicaux qui font levier, quand elle va choisir quels sont les articles, à lire ou à acheter, qui feront mouche. Là nous nous rapprochons de l’intelligence et pas simplement de l’automation. Là où l’IA apporte de la pertinence, c’est quand elle va déduire et faire des liens entre des comportements, des signaux faibles, quand elle va réagréger notre numeric dust, cette poussière numérique que l’on sème partout sur le net par nos dire et par nos actes, et qu’elle produira un contenu qui nous est propre, empreint de notre ADN personnel. C’est l’essence même de ce qui sera fourni par les metavers. Ce MyMe, essence numérique de notre moi physique et mental, agrégat de nos intérêts, est la clé de notre future prison numérique. Là où l’IA est merveilleuse ET diabolique, c’est dans sa capacité à faire plus que le cerveau humain : computer plus d’informations, faire plus de liens, pondérer chaque élément distinctement, rapidement, froidement, inlassablement. Ne perdons pas de vue que l’IA ne doit être qu’un outil, et comme chaque outil, c’est son utilisation qui définira la teneur de son effet, positif ou négatif.
Le contrôle de l’information
Les consciences sont actuellement en train de s’ouvrir et j’avoue que j’ai beaucoup tardé à publier ce billet, que je repoussais depuis des mois (Depuis le dernier EMDay en fait), car je suis bien conscient que le contexte actuel n’était pas compatible avec cette prise de position.
Le second point que je voulais aborder avec vous dans cette prospective est nettement plus dramatique. J’ai observé ces dernières années un glissement lent mais inexorable de la prise de contrôle de l’information et de sa diffusion. J’ai le sentiment que ce glissement pourrait avoir lieux également dans le domaine de l’emailing, privé comme professionnel.
Pour « protéger » leurs utilisateurs, les grandes plateformes ont censuré des informations qui, après coup, se sont trouvé être vraies. Pour asseoir une vision qu’elles estimaient être « la vérité », les autres messages ont été bloqués, déplacés loin des yeux voire même censurés. Un tel comportement n’est possible que lorsque le contrôle est total sur l’environnement. Où a-t-on également un environnement totalement contrôlé ? Dans l’emailing ! Généralement la boîte est liée à un serveur, un domaine, un environnement. Que contrôlez-vous sur ce qui va s’appliquer à votre correspondance ? Dans la plupart des cas, vous ne contrôlez rien.
Je conseille donc aujourd’hui aux utilisateurs privés d’avoir au moins une boîte mail sur un domaine externe et indépendant, qui ne soit pas aux mains de grands groupes et qui n’utilise pas d’outil incontrôlé de filtrage des emails.
Plouf, le pavé est lancé ! Pourquoi ce conseil aujourd’hui ? Nous savons que le contenu des emails est analysé sur les grosses plateformes pour vous proposer de la publicité contextuelle et ciblée. Cette technologie peut être dévoyée pour qu’à la place de déclencher une action qui vous affichera de la publicité, elle puisse classer votre mail en indésirable, ne pas le délivrer ou le supprimer. Si le contenu d’un mail ne « plait » pas à la plateforme et à ses gestionnaire, ils peuvent très bien le faire disparaître, en toute simplicité. Ce filtrage s’appliquerait au contenu du mail, mais, comme nous le faisons déjà aujourd’hui pour lutter contre le spam, de nombreux autres paramètres peuvent être pris en compte, dont l’IP, l’expéditeur et la note qui lui serait accordée suite au raffinage de son Numeric Dust.
Vous n’êtes pas un bon E-citoyen ? Alors vous ne pourrez plus communiquer par email sur les grands réseaux.
Quand on fait de la prospective, on n’est pas là pour dire des choses qui (nous) plaisent, mais de ce qui est de l’ordre du réalisable. Le monde que nous connaissons aujourd’hui est totalement différent de celui d’il y a 3 ans, or ce qui était impossible alors est devenu notre réalité. Certains réseaux ont une telle mainmise sur tout le système que ce filtrage est possible, et va dans le sens de ce qu’ils ont récemment appliqué. Et ce sera encore plus vrai lorsque ce système aura totalement intégré l’intégralité de l’environnement, comme ce sera le cas avec les metavers. Je ne dis pas de ne plus communiquer par email, l’outil reste formidable ? mais ayez des boîtes de secours qui seront loin des systèmes hégémoniques et concentrationnaires. Ces boîtes vous permettront peut-être un jour de continuer à communiquer quand le reste du système vous aura débranché.
Voila pour la prospective que vous ne lirez sans doute pas ailleurs. D’autres sujets auraient été pertinents : la mort des métriques traditionnels, le contenu généré par les utilisateurs, l’impact techniques de l’arrivée de nouveaux OS, l’impact du télétravail et de cet externalisation de l’environnement informatique, les nouveauté en terme de design, etc. mais d’autres en auront sans doute parlé mieux que moi.
Je vous souhaite une bonne année 2022. Bisouskes ?
Un Commentaire
Salut Charles ! Et merci beaucoup beaucoup d’écrire de temps en temps !
Je trouve que le second sujet que tu abordes a au contraire toute sa place dans le débat marketing (et à l’emday), mais aussi sans doute auprès de la presse (quelque soit l’idéologie qu’elle véhicule, elle en véhicule toujours).
Parce que oui, l’email, qui est l’un des rares canaux « libres » (pas la propriété d’une entreprise) de l’internet moderne, est tout de même largement contrôlé par des intérêts privés puissants. Et que les dérapages sont toujours possibles (et existent plus que probablement).
D’ailleurs, le dérapage conscient peut aussi être accompagné de biais inconscients si on fait le lien avec ton premier sujet qui est l’IA. L’IA apprend sur base d’un corpus d’informations générées par l’humain. Et les humaines sont plein de biais 😉